Droit fiscal

Intégration fiscale 2025 : conditions, avantages, calcul

Intégration fiscale 2025 : conditions, avantages, calcul

Intégration fiscale 2025 : conditions, avantages, calcul

Intégration fiscale : tout ce qu’il faut savoir en 2025 pour constituer et piloter un groupe fiscal.L’intégration fiscale permet à une société mère de regrouper, pour l’impôt sur les sociétés (IS), les résultats de ses filiales afin de taxer un résultat d’ensemble unique. En 2025, le régime reste un outil majeur d’optimisation et de sécurisation de la fiscalité de groupe, sous conditions strictes (seuil de 95 %, durée minimale, neutralisations). Vous trouverez ci-dessous les conditions d’accès, les avantages, les limites et la méthode de calcul, avec des exemples chiffrés et les principales échéances déclaratives. Ce contenu est informatif et général : pour un audit personnalisé, rapprochez-vous de professionnels. Le cabinet NBE Avocats accompagne régulièrement des groupes français et internationaux sur ces sujets.

En bref

  • Seuil de détention: au moins 95 % (directe ou indirecte), sociétés soumises à l’IS, mêmes dates d’arrêté et options comptables comparables.
  • Option de 5 ans, tacitement renouvelable, exercée par la mère avant l’échéance de dépôt de sa liasse pour l’exercice précédent le début du régime.
  • Avantages clés: compensation immédiate profits/pertes, neutralisation des flux intragroupe (dividendes avec quote-part de 1 %), pilotage centralisé de l’IS.
  • Calcul: résultat d’ensemble = somme des résultats individuels retraités des neutralisations; IS à 25 % (taux normal), contribution sociale de 3,3 % le cas échéant.
  • Points de vigilance: amendement Charasse, plafonnement des intérêts (ATAD), conséquences à l’entrée/sortie du groupe, documentation et délais.

Définition et principe du régime d’intégration fiscale

L’intégration fiscale (articles 223 A et suivants du Code général des impôts) permet à une société tête de groupe d’additionner les résultats fiscaux de ses filiales éligibles pour former un « résultat d’ensemble » imposé à son nom. Le régime vise à neutraliser les frottements fiscaux internes et à aligner l’impôt sur la performance consolidée.

La société mère est seule redevable de l’IS et des contributions annexes sur le résultat d’ensemble; chaque filiale demeure tenue de sa liasse individuelle et des impositions hors périmètre du groupe.

Qui paie l’IS et sur quelle base ?

  • La mère calcule et acquitte l’IS sur le résultat d’ensemble, après neutralisations intragroupe et retraitements spécifiques.
  • Les filiales continuent d’établir leur résultat fiscal propre (liasse IS), mais n’acquittent pas l’IS sur ce résultat pour la part intégrée.
  • Le taux normal de l’IS est de 25 % depuis 2022 en France, inchangé en 2025. Référence utile: Impôt sur les sociétés (IS) – DGFiP.

Conditions d’éligibilité en 2025

Conditions tenant à la société tête de groupe

  • Être passible de l’IS en France et non exonérée de façon permanente.
  • Détenir directement ou indirectement au moins 95 % du capital et des droits de vote des filiales intégrées.
  • Ne pas être elle-même détenue à 95 % par une autre société passible de l’IS en France, sauf cas encadrés de sous-groupes prévus par la loi et la doctrine (à apprécier au cas par cas; voir BOFiP).
  • Avoir un exercice social aligné sur celui des filiales (mêmes dates d’ouverture/fermeture).

Pour le cadre juridique de référence, voir le Code général des impôts – texte consolidé.

Conditions tenant aux filiales

  • Être passibles de l’IS de plein droit ou sur option et non exonérées de manière permanente.
  • Être détenues à 95 % au moins, directement ou via des entités interposées, pendant toute la durée de l’exercice.
  • Ne pas être elles-mêmes tête d’un autre groupe intégré en France (sauf régime des sous-groupes, très technique).
  • Avoir le même exercice comptable que la mère et appliquer des options fiscales compatibles.

Périmètre élargi UE/EEE: « Papillon » et intégration horizontale

La France a adapté son régime à la jurisprudence de l’Union (CJUE, affaire « Papillon ») et autorise l’inclusion de filiales françaises détenues via des interposées établies dans l’UE/EEE, ainsi que certaines configurations d’intégration « horizontale » entre sociétés sœurs françaises ayant une mère située dans l’UE/EEE. Le montage requiert une analyse fine des chaînes de détention, des conventions intragroupe et des attestations; se référer à la doctrine administrative et, le cas échéant, solliciter un accompagnement dédié sur la fiscalité des groupes.

Durée, option et renouvellement

  • L’option est souscrite pour 5 exercices et se renouvelle tacitement par périodes de 5 ans, sauf dénonciation.
  • L’entrée et la sortie des filiales (création, acquisition, cession) sont possibles en cours de vie du groupe, à date d’ouverture d’exercice, sous réserve de satisfaire les conditions au premier jour de l’exercice et de respecter les formalités.

Procédure d’option et obligations déclaratives

Calendrier et délais

  • Pour une application à compter d’un exercice ouvert le 1er janvier 2025, l’option doit être notifiée au plus tard à la date limite de dépôt de la liasse IS de la mère relative à l’exercice précédent (par exemple, pour un exercice calendaire 2024, le 2e jour ouvré suivant le 1er mai 2025).
  • En cas d’exercice décalé, le délai de principe est de 3 mois après la clôture.
  • Les changements de périmètre (entrées/sorties) suivent la même logique: effets au début d’exercice, avec information dans les délais de dépôt.

Les règles générales de délais figurent sur le portail DGFiP: IS – entreprises.

Déclarations à produire

  • Chaque entité dépose sa déclaration de résultat IS n° 2065-SD et annexes par voie dématérialisée: Formulaire 2065-SD.
  • La mère dépose, en plus, la liasse « groupe » retraçant le résultat d’ensemble et les neutralisations (notamment les tableaux de la série 2058). Voir: Formulaire 2058-SD – Détermination du résultat fiscal.
  • Les déclarations sont télédéclarées via l’espace professionnel; la DGFiP publie les formulaires et notices: Formulaires professionnels – impots.gouv.fr.

Suivi documentaire

  • Conserver la convention d’intégration fiscale (répartition interne de la charge d’IS, modalités de restitution/complément entre mère et filiales).
  • Justifier les neutralisations (dividendes, cessions intragroupe, provisions) et les retraitements anti-abus.
  • Mettre à jour le périmètre et les attestations de détention à 95 %.

Avantages et limites du régime

Neutralisations intragroupe et quote-part réduite

  • Dividendes intragroupe: neutralisation quasi-intégrale, avec réintégration d’une quote-part de frais et charges (QPFC) de 1 % du montant brut (au lieu de 5 % dans le régime mère-fille de droit commun; CGI art. 216). Référence utile: CGI consolidé – Legifrance.
  • Cessions d’immobilisations intragroupe: neutralisation des plus-values/moins-values pendant l’intégration; taxation différée à la sortie de l’actif ou de la société.
  • Provisions/charges intragroupe: neutralisation des écritures qui ne traduisent pas un flux externe au groupe.

Compensation des déficits et résultat d’ensemble

  • Les déficits d’une filiale peuvent s’imputer immédiatement sur les bénéfices d’une autre, au niveau du résultat d’ensemble, sans attendre.
  • Les déficits d’ensemble non utilisés sont reportables selon les règles de droit commun (report en avant plafonné, report en arrière « carry-back » sous conditions).
  • La mère peut optimiser la charge effective d’IS par la structuration des flux intragroupe et le pilotage des plannings d’opérations.

Intérêts, ATAD et amendement Charasse

  • Le plafonnement des charges financières nettes (règles issues de la directive ATAD, transposées en France) s’applique; en intégration, des ajustements « groupe » existent, très techniques. Voir la directive ATAD: UE – 2016/1164.
  • L’amendement Charasse limite la déduction d’intérêts lorsque l’acquisition d’une cible résulte d’opérations intragroupe, afin d’éviter l’optimisation par endettement artificiel. Une modélisation préalable est essentielle pour les LBO/intrafusions.

Point d’attention: ces dispositifs anti-abus sont source fréquente de redressements. Un audit préalable est recommandé, en lien avec des avocats fiscalistes.

Calcul pas à pas: exemples chiffrés 2025

Hypothèses: groupe calendaire 2025, IS à 25 %, QPFC intragroupe à 1 %, contributions sociales de 3,3 % applicables au niveau de la mère si seuils dépassés.Exemple 1 – Compensation et dividendes:

  • Filiale A: bénéfice fiscal 1 000 000 €
  • Filiale B: déficit fiscal –600 000 €
  • Dividendes intragroupe perçus par A depuis B: 500 000 € Calcul:
  1. Somme des résultats: 1 000 000 – 600 000 = 400 000 €
  2. Neutralisation dividendes: –500 000 €, puis réintégration QPFC 1 % = +5 000 €
  3. Résultat d’ensemble: 400 000 – 500 000 + 5 000 = –95 000 € (déficit d’ensemble reportable)
  4. IS dû par la mère: 0 € (report en avant du déficit d’ensemble). Les liasses 2065-SD individuelles restent télédéclarées par A et B, et la mère dépose la liasse groupe (série 2058-SD).

Exemple 2 – Cession intragroupe:

  • Filiale C cède à Filiale D un immeuble pour une plus-value fiscale de 2 000 000 €.
  • En intégration: plus-value neutralisée et non taxée en 2025; elle sera imposée à la sortie de l’immeuble du périmètre ou à la sortie de C ou D du groupe, selon les règles de « remise en cause » (effet boomerang).

Exemple 3 – Contribution sociale de 3,3 %:

  • Résultat d’ensemble imposable: 10 000 000 € → IS théorique 25 % = 2 500 000 €.
  • Contribution sociale de 3,3 % due sur la fraction d’IS excédant l’abattement légal; elle est liquidée par la mère au titre du groupe. Pour le cadre et les seuils, voir la page DGFiP IS: impots.gouv.fr – IS.

Événements exceptionnels: acquisitions, sorties, restructurations

Entrée ou sortie d’une filiale

  • Entrée: la filiale doit remplir les conditions au premier jour de l’exercice; la notification intervient dans le délai de dépôt de la liasse IS.
  • Sortie (cession, dilution sous 95 %, dissolution): les neutralisations passées peuvent devenir imposables (réintégrations latentes), notamment sur immobilisations, provisions et marges internes. Une due diligence fiscale anticipe l’impact cash.
  • Dénonciation de l’option ou dissolution du groupe: mêmes mécanismes de remise en cause au niveau de la mère.

Restructurations intragroupe

  • Fusions/scissions: neutralisations spécifiques, transfert des déficits sous conditions; les agréments (si requis) et la compatibilité avec l’intégration doivent être vérifiés en amont.
  • Financement intragroupe: veiller à l’alignement avec ATAD (caping des intérêts) et les prix de transfert. Les guidelines et formulaires de la DGFiP sont disponibles sur impots.gouv.fr – formulaires.

Points d’attention sectoriels et internationaux

Groupes avec établissements/filiales à l’étranger

  • Les sociétés étrangères ne peuvent pas, en tant que telles, être intégrées; seules les sociétés françaises passibles de l’IS entrent dans le périmètre. En revanche, les détentions via entités UE/EEE sont prises en compte pour le seuil de 95 % dans certaines configurations (voir BOFiP).
  • Les crédits d’impôt étrangers et la politique de dividendes remontés à la mère doivent être arbitrés avec la QPFC de 1 %.

Actifs numériques et flux intragroupe

  • Les transactions sur crypto-actifs entre entités du groupe (cessions, prestations payées en tokens) nécessitent une documentation renforcée et un suivi précis des neutralisations et valorisations. Le pôle NTIC de NBE peut vous assister: Droit NTIC.

Pilier 2 (impôt minimum mondial 15 %) et intégration

  • Le Pilier 2 s’applique indépendamment du régime d’intégration et peut créer des « top-up taxes » dans certaines juridictions. La modélisation conjointe intégration fiscale/Pilier 2 est désormais incontournable pour les grands groupes. Pour une approche holistique, rapprochez-vous de notre équipe Droit fiscal.

Avertissement: cet article est fourni à titre informatif et pédagogique. Il ne constitue pas un conseil juridique ou fiscal. Pour une recommandation adaptée à votre situation, contactez un avocat.

FAQ – Questions fréquentes sur l’intégration fiscale

Comment opter pour l’intégration fiscale en 2025 et quel est le délai exact ?

L’option est exercée par la société mère, pour 5 ans, par notification au service des impôts compétent dans le délai de dépôt de sa liasse IS afférente à l’exercice précédant l’entrée dans le régime. Pour un groupe calendaire qui souhaite commencer au 1er janvier 2025, l’option doit intervenir au plus tard le 2e jour ouvré suivant le 1er mai 2025. En cas d’exercice décalé, comptez 3 mois après la clôture. La mère dépose ensuite chaque année la liasse « groupe » en plus des liasses individuelles 2065-SD. Références: 2065-SD et 2058-SD.

Quelle différence entre l’intégration fiscale et le régime mère-fille ?

Le régime mère-fille exonère à 95 % les dividendes entre sociétés (QPFC de 5 % en principe) sans regrouper les résultats. L’intégration, elle, crée un résultat d’ensemble: bénéfices et pertes des entités intégrées se compensent immédiatement, et les dividendes intragroupe sont neutralisés avec une QPFC réduite à 1 %. L’intégration exige cependant un seuil de 95 %, une durée d’option de 5 ans, l’alignement des exercices et des neutralisations plus étendues (cessions, provisions). Les deux régimes coexistent et peuvent se compléter selon les flux.

Comment se calcule la quote-part de 1 % sur les dividendes intragroupe ?

Lorsque la distribution provient d’une société membre du groupe intégré, le dividende est neutralisé du résultat d’ensemble, mais la mère réintègre une QPFC forfaitaire de 1 % du montant brut. Exemple: dividende de 2 000 000 € → neutralisation –2 000 000 € et réintégration +20 000 €. Cette QPFC s’applique même si la filiale est détenue indirectement via une chaîne intégrée. En dehors de l’intégration, la QPFC de droit commun du régime mère-fille est de 5 % (CGI art. 216). Voir le CGI consolidé.

Que se passe-t-il si une filiale sort du groupe ?

La sortie (cession, dilution, dissolution) déclenche la taxation des neutralisations « en stock » liées à cette filiale: plus-values sur cessions intragroupe, provisions, marges sur stocks, etc. Le gain ou la perte latents deviennent imposables au titre de l’exercice de sortie, selon des mécanismes détaillés par la doctrine. Une modélisation préalable est indispensable pour éviter des effets de trésorerie non anticipés lors de transactions M&A. Les modalités pratiques de déclaration figurent dans les notices de la liasse IS: impots.gouv.fr – IS.

L’intégration horizontale avec une mère européenne est-elle possible ?

Oui, sous conditions. La France admet l’intégration « horizontale » entre sociétés sœurs françaises contrôlées par une même société établie dans l’UE/EEE, ainsi que la prise en compte de détentions via interposées européennes (jurisprudence « Papillon »). Les exigences documentaires et les tests de contrôle effectif sont stricts. Une revue de chaîne de détention, des droits de vote, et des accords entre actionnaires est nécessaire, à la lumière des textes et de la doctrine BOFiP. Un audit préalable par un avocat fiscaliste est recommandé.

L’essentiel à retenir

  • Le régime d’intégration regroupe les résultats des sociétés françaises à 95 % pour un IS calculé au niveau de la mère.
  • Avantages majeurs: compensation immédiate des déficits, neutralisation des flux et QPFC réduite à 1 % sur dividendes intragroupe.
  • Option de 5 ans, à exercer avant la date limite de dépôt de la liasse IS de l’exercice précédent; suivi documentaire rigoureux requis.
  • Vigilance sur ATAD, amendement Charasse et conséquences à l’entrée/sortie d’une filiale.
  • Des exemples chiffrés et les formulaires (2065-SD, 2058-SD) guident la mise en œuvre, mais chaque situation est spécifique.
  • Pour sécuriser ou (ré)structurer votre groupe, échangez avec nos équipes: NBE Avocats – Accueil ou contactez-nous directement via la page Contact.
A propos de l'auteur
Maitre Nadine Boumhidi
Nadine Boumhidi Avocate associée

Maitre Nadine Boumhidi

Avocate au barreau de Paris, Maître Nadine Boumhidi est titulaire d'un Master  2 en Droit Fiscal à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Pendant près de quatre ans, elle a pratiqué la fiscalité et le droit des  affaires, notamment au sein de Coca-Cola Entreprise et d’EY Société d'avocats,  avant de créer son propre cabinet en 2019.

Copyright @ GDM-Pixel, tous droits réservés