Régime mère-fille : le mécanisme-clé pour défiscaliser les dividendes intragroupe en 2025.Le régime des sociétés mères et filiales permet, sous conditions, une quasi-exonération des dividendes perçus par une holding soumise à l’IS, avec une quote-part de frais et charges de 5% réintégrée au résultat fiscal. En 2025, les fondamentaux demeurent: minimum de 5% du capital, conservation sur 2 ans, entités soumises à l’IS (ou équivalent) et respect des clauses anti-abus. Ci-dessous, un guide pratique, chiffré et à jour, pour sécuriser vos flux de dividendes et éviter les pièges. Contenu informatif: pour un audit adapté à votre structure, prenez rendez-vous avec NBE Avocats.
En bref
- Exonération à 95% des dividendes éligibles; réintégration d’une QPFC de 5% taxée à l’IS.
- Conditions clés: détention ≥ 5% du capital, engagement de conservation 2 ans, sociétés à l’IS, absence de montage artificiel.
- Anti-abus: exclusion si le dividende est déductible chez la filiale ou si le montage a un but principalement fiscal.
- Déclarations: liasse IS (2065) et réintégration QPFC dans le tableau de détermination du résultat (2058-A), dans les délais usuels.
- Cas particuliers: UE/EEE et conventions fiscales (retenue à la source), intégration fiscale (QPFC ramenée à 1% intra-groupe).
1) Définition et intérêt du régime mère-fille
Le régime mère-fille (articles 145 et 216 du CGI) a pour objet d’éviter la double imposition économique des bénéfices distribués au sein d’un groupe. Concrètement, la mère neutralise 95% du dividende et ne réintègre qu’une quote-part de 5% réputée couvrir des frais et charges.
Objet du régime: éliminer la double imposition économique des bénéfices intragroupe par une exonération des dividendes assortie d’une quote-part forfaitaire.
Avantage financier: avec un IS à 25% (taux normal 2025), la taxation effective d’un dividende éligible tombe autour de 1,25% (5% × 25%), hors éventuelles retenues à la source étrangères.Sources utiles: BOFiP – portail, Impôt sur les sociétés – impots.gouv.fr, Code général des impôts – Legifrance.
2) Conditions d’éligibilité en 2025
- Société mère et filiale soumises à l’IS ou à un impôt équivalent sans option pour un régime de faveur incompatible.
- Détention d’au moins 5% du capital de la filiale, directement ou via des entités interposées selon les cas; engagement de conservation des titres pendant au moins 2 ans.
- Produits éligibles: dividendes et revenus assimilés attachés aux titres de participation; certains produits atypiques sont exclus.
- Respect de la clause anti-abus (droit de l’UE et droit interne): le bénéfice du régime est refusé en cas de montage non authentique ayant pour objectif principal ou un des objectifs principaux d’obtenir un avantage fiscal contraire à l’objet du régime.
Références UE: Directive 2011/96/UE “mère-fille” et sa clause anti-abus renforcée par Directive (UE) 2015/121.
3) Calcul de la quote-part, exemples chiffrés
- Principe: exonération de 95% + réintégration extra-comptable d’une QPFC de 5%.
- Taux de l’IS de référence: 25% (taux normal 2025).
Exemple 1 – Dividendes domestiques:
- Dividendes reçus: 1 000 000 €.
- QPFC (5%): 50 000 €.
- IS dû: 50 000 × 25% = 12 500 €.
- Taux effectif: 1,25% du dividende.
Exemple 2 – Dividendes UE avec retenue à la source supprimée:
- Si la directive “mère-fille” s’applique et que la retenue à la source locale est à 0%, seul l’IS français frappe la QPFC (même coût qu’exemple 1).
Exemple 3 – Retenue à la source résiduelle (hors UE ou conditions non réunies):
- Dividendes bruts: 1 000 000 €; WHT 5%: 50 000 € (selon convention).
- QPFC: 50 000 € → IS: 12 500 €.
- Coût total: 50 000 (WHT) + 12 500 (IS sur QPFC), sous réserve d’un éventuel crédit d’impôt conventionnel.
4) Portée internationale et retenues à la source
- UE/EEE: si les conditions de la directive sont réunies (participation minimale, durée de détention, imposition de la filiale), la retenue à la source peut être réduite à 0%. La France applique ensuite la QPFC.
- Hors UE: application possible du régime mère-fille français si la filiale est soumise à un impôt équivalent. La retenue à la source dépend de la convention fiscale bilatérale; un crédit d’impôt peut être imputable en France selon les stipulations conventionnelles.
- Substance et bénéficiaire effectif: la jurisprudence de la CJUE (affaires danoises) insiste sur la réalité économique et le “beneficial ownership” pour neutraliser les montages relais. Voir CJUE, aff. jointes C‑116/16 et C‑117/16 (Curia).
5) Anti-abus et exclusions fréquentes
- Dividende déductible chez la filiale: si le produit distribué est déductible fiscalement dans l’État de la filiale (instrument hybride, régime local), l’exonération mère-fille est écartée côté France.
- Montage principalement fiscal: application de la clause anti-abus (UE et droit interne) si l’interposition d’une holding est dépourvue de motifs commerciaux valables reflétant la réalité économique.
- Seuil de 5% non atteint ou détention trop brève: l’exonération n’est pas acquise; les dividendes sont imposés au taux normal.
- Titres ou produits exclus: certains revenus ne constituant pas des dividendes qualifiés (boni de liquidation, distributions assimilées dans certains cas) ne relèvent pas du régime.
Pour un diagnostic “anti-abus” et la documentation de substance (fonctions, risques, moyens), échangez avec notre équipe Droit fiscal.
6) Déclarations, formulaires et délais en 2025
- Liasse IS: formulaire n° 2065-SD (déclaration de résultat) et annexes. La QPFC est portée en “réintégrations extra-comptables” dans le tableau de détermination du résultat (annexe 2058-A).
- Délais: en principe, dépôt dans les 3 mois de la clôture, et au plus tard le 2e jour ouvré suivant le 1er mai pour un exercice clos au 31/12 (calendrier annuel précisé par l’administration).
- Paiement: acomptes et solde d’IS selon le régime de la société mère.
- Justificatifs: conserver les attestations de détention, la preuve d’assujettissement à un impôt équivalent, la documentation de substance et les certificats de résidence pour l’application des conventions.
Ressources pratiques: IS – professionnels (impots.gouv.fr).
7) Articulation avec l’intégration fiscale et autres régimes
- Intégration fiscale: les dividendes intra-périmètre qui respectent le régime mère-fille bénéficient d’une QPFC réduite à 1% (au lieu de 5%), limitant le coût à environ 0,25% du dividende. Conditions spécifiques d’intégration à vérifier.
- Plus-values sur titres de participation: régime distinct (exonération des PV de long terme avec QPFC spécifique), à ne pas confondre avec le régime mère-fille.
- Pilier 2 (impôt minimal mondial): n’affecte pas en tant que tel la mécanique mère-fille pour la base IS française, mais peut impacter la charge fiscale consolidée des groupes > 750 M€.
Besoin d’une cartographie globale des impacts (IS, WHT, Pilier 2, conventions)? Contactez NBE Avocats.
8) Stratégies de sécurisation et bonnes pratiques
- Vérifier l’éligibilité: seuil 5%, durée de détention, assujettissement effectif de la filiale à un impôt équivalent.
- Documenter la substance: gouvernance, moyens humains, fonctions réelles de la holding (trésorerie, M&A, IP management), en particulier pour des holdings sectorielles ou numériques. Voir nos compétences transversales Droit NTIC.
- Anticiper les flux: caler les dates de distribution et les attestations, vérifier la retenue à la source et les crédits d’impôt.
- Revues annuelles: check anti-hybrides, “beneficial ownership”, clauses anti-abus des conventions et de la directive.
- En cas d’incertitude: solliciter un rescrit ou un avis préalable; NBE Avocats accompagne ces démarches.
9) Études de cas succinctes
- Holding française et filiale allemande (participation 10%, détention > 2 ans): pas de WHT en Allemagne sous directive, QPFC 5% en France; coût net ≈ 1,25%.
- Holding française et filiale américaine (participation 15%): WHT US selon convention; en France, régime mère-fille applicable si impôt US équivalent; crédit d’impôt conventionnel éventuel et QPFC 5%.
- Distribution financée par instrument hybride déductible à l’étranger: exclusion du régime; imposition intégrale du dividende en France.
Références: Directive 2011/96/UE, Directive (UE) 2015/121, BOFiP.
FAQ – Questions fréquentes
Le régime mère-fille s’applique-t-il automatiquement ou faut-il opter ?
En pratique, l’exonération à 95% est mise en œuvre via une réintégration extra-comptable de la QPFC de 5% dans la liasse IS. Il ne s’agit pas d’une “option” formelle par formulaire distinct, mais d’un régime de faveur conditionné que l’on applique si les critères sont réunis (5%, 2 ans, IS ou équivalent, anti-abus). À défaut de conditions ou de documentation suffisante, l’administration peut remettre en cause l’exonération. Un audit de vos titres et flux sécurise l’application du régime.
Comment traiter les distributions reçues d’une filiale située hors UE/EEE ?
Le régime peut s’appliquer si la filiale est soumise à un impôt sur les bénéfices comparable à l’IS français et si les autres conditions sont remplies. En revanche, la retenue à la source locale n’est pas neutralisée par la directive UE; il faut se référer à la convention fiscale bilatérale pour une éventuelle réduction et à un crédit d’impôt. La QPFC de 5% reste due en France. Une analyse conventionnelle et anti-abus est indispensable.
Quelles sont les principales causes de remise en cause par l’administration ?
Les motifs récurrents incluent: détention < 5% ou insuffisante sur la période, défaut de preuve d’imposition équivalente de la filiale, dividendes fiscalement déductibles à la source (hybrides), absence de substance de la holding (montage non authentique), erreurs de liasse (QPFC non réintégrée). La tenue d’un dossier probant (organigrammes, PV, attestations fiscales, fonctions et moyens) et la cohérence économique des flux sont déterminantes.
Quelle différence entre régime mère-fille et intégration fiscale pour les dividendes ?
Le régime mère-fille est un régime d’exonération des dividendes perçus, applicable entreprise par entreprise (QPFC 5%). L’intégration fiscale est un régime de consolidation de résultats au niveau du groupe, avec des effets spécifiques, notamment la réduction de la QPFC à 1% pour les dividendes intra-groupe éligibles. L’intégration suppose des conditions additionnelles (taux de détention, périmètre, exercice, etc.) et une option formelle. Les deux mécanismes peuvent se cumuler.
Quels formulaires et délais pour la QPFC en pratique ?
La QPFC se traite dans la liasse IS: déclaration n° 2065-SD et annexe n° 2058-A (réintégrations extra-comptables). Le dépôt intervient en principe dans les 3 mois suivant la clôture, et au plus tard le 2e jour ouvré suivant le 1er mai pour les exercices clos au 31 décembre. Les échéances exactes sont publiées chaque année par l’administration. Conservez les pièces (attestations, certificats, calculs) en cas de contrôle.
À retenir
- Le régime mère-fille ramène l’imposition des dividendes intragroupe à une QPFC de 5%, soit un coût souvent ≈ 1,25% à l’IS.
- Conditions clés: seuil 5%, conservation 2 ans, imposition équivalente, anti-abus respectée.
- UE: potentielle absence de retenue à la source sous directive; hors UE: se référer aux conventions et au crédit d’impôt.
- Intégration fiscale: QPFC à 1% pour les dividendes intragroupe éligibles.
- Déclaratif: 2065 + 2058-A; respecter les délais et la documentation de substance.
- Besoin d’une revue de vos flux de dividendes et de votre holding? Échangez avec NBE Avocats – nos avocats en droit fiscal sécurisent vos structurations. Contenu informatif uniquement; pour un conseil adapté, contactez-nous.

 
  
 




