Droit fiscal

Fiscalité de la donation-cession 2025 : guide pratique

Fiscalité de la donation-cession 2025 : guide pratique

Fiscalité de la donation-cession 2025 : guide pratique

Fiscalité donation cession : comment transmettre des titres avant leur vente sans alourdir la note fiscale. Ce guide pratique 2025 expose le cadre juridique, les conditions de validité, les coûts (droits de donation, plus-values), les formulaires et un calendrier type pour sécuriser une donation suivie de cession.

En bref

  • Le donateur donne des titres, puis le donataire vend librement : la plus-value latente est en principe “purgeée” chez le donateur, le coût fiscal se déplace vers les droits de donation.
  • Validité à sécuriser: absence d’engagement de vente ferme avant la donation, libre disposition des titres et du prix par le donataire, chronologie soignée et preuves.
  • Fiscalité 2025: droits de donation après abattements (100 000 € par parent et par enfant tous les 15 ans), plus-values chez le donataire calculées sur la base de la valeur retenue pour la donation, PFU 30% par défaut.
  • Outils: donation-partage, Dutreil pour titres éligibles (réduction d’assiette 75%), démembrement à manier avec prudence.
  • Déclarations: 2735 (don manuel) sous 1 mois; cession 2025 à déclarer au printemps 2026 (2042/2042 C, annexe 2074 si besoin).

Contenu informatif à portée générale, non constitutif d’un conseil fiscal individualisé. Pour un audit et une structuration adaptés, prenez rendez-vous avec le cabinet NBE Avocats.

Donation-cession en 2025 : principe et cadre juridique

Mécanisme et objectif

La donation-cession consiste à transmettre, à titre gratuit, des titres (cotés ou non cotés) à un proche, puis à les céder. L’intérêt est double:

  • Purger la plus-value chez le donateur (pas de taxation puisqu’il ne vend pas).
  • Faire porter, le cas échéant, l’imposition sur une plus-value calculée chez le donataire par rapport à la valeur retenue pour la donation (souvent proche du prix de vente), tout en optimisant les droits de donation via abattements et régimes spéciaux.

Conditions de validité et points de vigilance

Pour être opposable à l’administration:

  • Le donataire doit disposer librement des titres et du prix (pas d’obligation de rétrocession du prix au donateur, pas de charge équivalente).
  • À la date de la donation, aucune promesse synallagmatique de vente ni condition déjà levée ne doit lier les titres; des pourparlers ou une lettre d’intention non engageante sont tolérés.
  • Chronologie claire: donation effective et enregistrée avant la cession (et avant tout engagement ferme).

Le non-respect expose à un risque de requalification (imposition de la plus-value chez le donateur et/ou abus de droit).

Fondements légaux et doctrine utile

  • Détermination de la plus-value en cas d’acquisition à titre gratuit: base = valeur retenue pour les droits de mutation à titre gratuit (donation), en principe (CGI art. 150-0 D).
  • PFU 12,8% + prélèvements sociaux 17,2% (30% au total) par défaut, avec faculté d’opter pour le barème: voir le dossier “PFU” sur le site de l’administration fiscale impots.gouv.fr.
  • Cadre anti-abus (LPF, art. L64 A – mini-abus de droit): actes poursuivant un but principalement fiscal susceptibles de remise en cause, sans pénalité aggravée si but principalement et non exclusivement fiscal. Texte sur Légifrance.

Pour un diagnostic individualisé, contactez notre équipe dédiée en droit fiscal.

Régime fiscal applicable

Droits de donation en 2025

  • Abattements usuels (renouvelables tous les 15 ans): 100 000 € par parent et par enfant; 31 865 € par grand-parent et par petit-enfant; 80 724 € entre époux/partenaires de PACS.
  • Barème progressif des droits de donation ensuite (par tranches, selon le lien de parenté).
  • Frais annexes: notaire (selon la nature des titres et l’acte), droits d’enregistrement fixes pour certains actes.

Outils d’optimisation:

  • Donation-partage pour stabiliser les valeurs et éviter des rapports ultérieurs.
  • Régime Dutreil (CGI art. 787 B) pour entreprises éligibles: exonération de 75% de la valeur des titres soumis à engagement de conservation et condition d’activité, avec obligations durant et après la transmission. À manier avec vigilance si une cession des titres par le donataire est envisagée pendant la période d’engagement.

Pour situer les ordres de grandeur et simuler vos droits, utilisez les simulateurs officiels sur impots.gouv.fr et sollicitez un accompagnement sur mesure via notre page de contact.

Plus-values chez le donataire

  • Base de calcul: prix de vente – valeur retenue pour la donation (et non le prix d’acquisition historique du donateur).
  • Régime par défaut: PFU 12,8% + 17,2% de prélèvements sociaux, hors contributions additionnelles éventuelles.
  • Option barème: possible, avec imputation de CSG partiellement déductible l’année suivante; certaines plus-values bénéficient encore d’abattements pour durée de détention dans des cas spécifiques (anciens titres PME acquis avant 2018, sous conditions).

Cas particuliers:

  • PEA: régime d’exonération selon l’ancienneté et la qualification des titres à l’intérieur du plan.
  • Non-résidents: retenues ou régimes conventionnels selon l’État de résidence; attention aux prélèvements sociaux selon le statut.
  • Actifs numériques (crypto): la logique donation-cession existe mais obéit à des règles spécifiques de calcul des plus-values et de preuve des valeurs; nos équipes Droit NTIC accompagnent ces opérations.

Démembrement et charges

Donation avec réserve d’usufruit ou donation assortie d’une charge (ex. restitution de prix, quasi-usufruit sur le prix de vente) peut fragiliser la purge de la plus-value et/ou créer des risques d’abus de droit. À instruire au cas par cas.

Sécuriser l’opération: méthode et preuves

Chronologie recommandée

1) Valoriser les titres à leur juste valeur (méthodologie étayée). 2) Rédiger et signer l’acte de donation (ou formaliser le don manuel), enregistrer sous 1 mois. 3) Laisser le donataire décider librement de vendre (sans promesse préalable contraignante). 4) Conserver les éléments probants: échanges avec l’acheteur, versions des documents (LOI non engageante vs. promesse synallagmatique), dates d’enregistrement, virements du prix sur le compte du donataire.

Plus la liberté de décision du donataire est réelle et démontrable, plus le risque de requalification est réduit.

Valorisation des titres non cotés

  • Approches usuelles: multiple d’EBIT/EBITDA, DCF, actif net réévalué, méthode des comparables, panachées selon la nature de l’activité.
  • Documentation: rapport de valorisation, comptes arrêtés, business plan, événements postérieurs connus à la date de donation.
  • Cohérence: la valeur retenue pour la donation doit refléter la réalité économique à la date de transmission.

Anti-abus et jurisprudence

Les requalifications surviennent notamment lorsque:

  • Une promesse ferme précède la donation.
  • Le prix est, en pratique, restitué au donateur (charge occulte).
  • Le donataire est un simple interposé.

L’article L64 A (but principalement fiscal) renforce le contrôle. Le dossier doit établir une intention patrimoniale réelle (transmission effective, appropriation par le donataire, absence d’engagement contraignant).

Articulations sensibles: Dutreil et apport-cession

  • Dutreil + donation-cession: possible mais très encadré pendant les engagements de conservation; des cessions peuvent être admises sous conditions strictes de remploi/substitution. À auditer en amont.
  • Apport-cession (CGI 150-0 B ter) par le donataire après donation: report d’imposition sous condition de remploi économique d’au moins 60% du prix dans un délai donné; dispositif différent de la donation-cession pure, à combiner avec prudence.

Pour arbitrer ces schémas, parlez-en avec un avocat fiscaliste NBE Avocats via notre Accueil ou la page Droit fiscal.

Démarches pratiques et déclarations

Acte de donation et enregistrement

  • Don manuel de titres: déclaration Cerfa n°2735 par le donataire dans le mois qui suit la remise matérielle (transfert de titres) auprès de son service de l’enregistrement; paiement des droits concomitant, avec possibilités de fractionnement/différé dans certains cas (notamment titres non cotés).
  • Donation par acte notarié: le notaire assure l’enregistrement et le paiement des droits; frais d’acte en sus.
  • Comptes-titres/registre: mise à jour des registres de mouvements (titres non cotés) ou ordre de transfert (titres cotés).

Cession par le donataire: fiscalité et formulaires

  • Déclaration de la plus-value: intégration dans la déclaration des revenus de l’année de la cession (formulaire 2042 et 2042 C); annexe 2074 nécessaire si votre intermédiaire ne calcule pas la plus-value (titres non cotés, opérations complexes).
  • Prélèvements sociaux: liquidés avec l’impôt; CSG partiellement déductible l’année suivante si option barème.
  • IFU: lorsque l’opération passe par un établissement financier, vérifiez l’IFU pour concordance.

Calendrier type 2025–2026 (exemple)

  • 15 mars 2025: donation de 500 actions non cotées, valeur unitaire 200 €; déclaration 2735 au plus tard le 15 avril 2025, paiement des droits.
  • 30 mai 2025: le donataire vend ses 500 actions à 205 €; pas de plus-value significative si la valeur de donation (200 €) est proche du prix de vente.
  • Printemps 2026: déclaration des revenus 2025 (mi-mai à début juin selon département et télédéclaration). Paiement du solde d’impôt à l’automne 2026.

Exemples chiffrés

Cas 1 — Parent → enfant, titres non cotés, vente proche de la valeur de donation

  • Situation: 1 000 parts valorisées 100 €/part (valeur de donation). Plus-value latente chez le parent: acquisition historique 10 €/part.
  • Étapes: donation (valeur 100 000 €), puis vente par l’enfant à 102 €/part (102 000 €).
  • Droits de donation: abattement 100 000 € parent-enfant; droits dus: 0 € (hors frais).
  • Plus-value chez l’enfant: 102 000 – 100 000 = 2 000 €; PFU 30% ≈ 600 €.

Résultat: la plus-value latente importante chez le parent est neutralisée, coût fiscal marginal chez l’enfant.

Cas 2 — Transmission avec pacte Dutreil puis cession partielle

  • Situation: titres d’une société opérationnelle valorisés 1 000 000 €. Donation à deux enfants sous pacte Dutreil (exonération d’assiette 75% sous conditions).
  • Base taxable droits de donation: 1 000 000 × 25% = 250 000 €, répartie entre les enfants, puis abattements individuels.
  • Projet: cession partielle postérieure. Attention: pendant l’engagement de conservation, des cessions peuvent entraîner la remise en cause de l’exonération sauf respect strict des conditions (substitution, maintien des seuils, etc.). Audit indispensable avant toute vente.

Cas 3 — Don manuel suivi de cession avec écart de valeur significatif

  • Situation: donation à 50 €/action (valeur de marché étayée), vente par le donataire 6 mois plus tard à 70 €/action.
  • Plus-value chez le donataire: 20 €/action taxés au PFU ou au barème selon option; intérêt de la donation maintenu, mais fiscalité non nulle.
  • Points clés: dossier de valorisation, chronologie, absence d’engagement ferme à la date de donation.

Erreurs fréquentes à éviter

  • Signer une promesse synallagmatique de cession avant la donation.
  • Imposer, de fait, la restitution du prix au donateur (charge déguisée).
  • Sous-évaluer les titres sans dossier probant de valorisation.
  • Oublier la déclaration 2735 d’un don manuel dans le délai d’un mois.
  • Négliger les effets d’un engagement Dutreil en cas de cession ultérieure.

FAQ

La donation-cession est-elle toujours admise si le donataire revend rapidement après la donation ?

Oui, si le donataire était libre de vendre ou non, sans engagement ferme préalable, et s’il conserve effectivement le prix. La rapidité de revente n’est pas, à elle seule, un motif de remise en cause. En revanche, l’existence d’une promesse synallagmatique de vente antérieure à la donation, ou d’une obligation de restituer le prix au donateur, expose à une requalification. Constituez un dossier probant (chronologie, documents contractuels, flux financiers) pour sécuriser l’opération.

Quels formulaires dois-je utiliser et quels sont les délais ?

Pour un don manuel de titres, utilisez le Cerfa n°2735, à déposer dans le mois qui suit la remise. La cession par le donataire réalisée en 2025 sera déclarée au printemps 2026 via 2042/2042 C; joignez une 2074 si l’établissement financier ne calcule pas la plus-value (cas fréquent pour titres non cotés). Les délais précis varient selon le calendrier annuel de télédéclaration (mai–juin). Conservez les justificatifs (ordre de mouvement, IFU, attestation de valeur).

Comment valoriser des titres non cotés pour une donation-cession ?

La valeur doit refléter la situation à la date de donation: méthodes usuelles combinées (DCF, multiples de résultats, actif net réévalué, comparables). Documentez les hypothèses (croissance, marges, risques) et les événements connus. En présence de négociations, attention à ne pas intégrer des éléments trop avancés qui révéleraient un prix déjà « fixé ». Un rapport de valorisation indépendant est fortement recommandé pour justifier la base des droits et sécuriser la purge de plus-value.

Peut-on combiner donation-cession et pacte Dutreil ?

Oui, mais sous conditions strictes de conservation des titres et de respect des engagements. Une cession pendant la période d’engagement peut entraîner la remise en cause de l’exonération de 75%, sauf cas de substitution/maintien des seuils prévus par les textes. Des schémas alternatifs (cession partielle, remploi) existent mais doivent être calibrés au cas par cas. Faites auditer la faisabilité avant toute décision pour éviter un coût fiscal rétroactif élevé.

La stratégie est-elle transposable aux cryptomonnaies ou aux BSPCE/stock-options ?

Le principe de la donation puis cession existe aussi pour les actifs numériques et certains instruments, mais chaque catégorie a ses règles (détermination du prix de revient, événements imposables, plans d’actionnariat). Pour les actifs numériques, la volatilité et la traçabilité des valeurs sont déterminantes. Pour les BSPCE/stock-options, le cadre social et fiscal diffère. Un accompagnement dédié est nécessaire; voyez notre pôle Droit NTIC.

À retenir

  • La donation-cession peut neutraliser une plus-value latente chez le donateur si la liberté du donataire est réelle et prouvée.
  • Le coût fiscal se concentre sur les droits de donation (après abattements) et, le cas échéant, sur une plus-value résiduelle chez le donataire.
  • La sécurisation repose sur la chronologie, l’absence d’engagement ferme avant la donation et une valorisation défendable.
  • Les régimes spéciaux (Dutreil, apport-cession, PEA) influencent fortement le montage et les risques.
  • Délais et formulaires: 2735 sous 1 mois; cession 2025 à déclarer au printemps 2026 (2042/2042 C, 2074 si besoin).
  • Passez d’une idée à une stratégie sécurisée: échangez avec NBE Avocats via l’Accueil, découvrez notre offre en Droit fiscal et contactez-nous ici.
A propos de l'auteur
Maitre Nadine Boumhidi
Nadine Boumhidi Avocate associée

Maitre Nadine Boumhidi

Avocate au barreau de Paris, Maître Nadine Boumhidi est titulaire d'un Master  2 en Droit Fiscal à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Pendant près de quatre ans, elle a pratiqué la fiscalité et le droit des  affaires, notamment au sein de Coca-Cola Entreprise et d’EY Société d'avocats,  avant de créer son propre cabinet en 2019.

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